Saison d'hiver

L'hiver

Le paysage a perdu ses couleurs, comme les pampres leurs feuilles. Les moûts dans les fûts se sont tus, un à un. Pour le vigneron, c'est le moment où il convient d'arracher les vignes devenues trop vieilles ou seulement les ceps dépéris. Puis, c'est le moment du labour et du buttage qui consiste à ramener avant les gelées une certaine quantité de terre près des souches pour protéger les ceps, le sol et faciliter l'accumulation des pluies en profondeur.
A la Chandeleur, le 2 février, commençait un travail délicat : la taille, car de lui dépend toujours, pour une grande part, l'avenir des ceps et de la future récolte. De nos jours, faute de main d'œuvre suffisante et qualifiée, la taille débute déjà en décembre. C'est une entreprise de longue haleine, qui ne peut s'exécuter que manuellement au rythme de 60 pieds par heure ; il faut donc 2 mois à une personne pour tailler 5 hectares.
Puis en une autre étape, le bois coupé est enlevé du pied, ramassé et brûlé.  A la fin de l'hiver, on remplace les piquets défectueux et on rectifie les fils de fer de palissage au nombre de 5 habituellement.

Le printemps

La vigne "pleure". Chaque extrémité de sarment taillée sécrète un peu de sève montante. C’est le moment d’attacher les ceps et de recourber les sarments pour les fixer au fil de palissage inférieur. Le soleil apparait, le sol réchauffé permet la plantation des jeunes vignes qui ne produiront de fruits qu'au bout de quatre à cinq ans.
Au bout de quinze jours à un mois, les pleurs de la vigne cessent lorsque les bourgeons se développent. En avril-mai, la vigne se met à pousser. L'accroissement des jeunes pousses, par temps favorable, peut atteindre jusqu'à 5cm par jour.
D'abord, il faut ébourgeonner, c'est-à-dire supprimer les gourmands sur la partie inférieure du pied de vigne pour donner le plus de vitalité à celle du haut.
En juin, il faut palisser la vigne en redressant les pousses en grands bouquets souples afin de leur éviter de se rompre ou de s'emmêler, pour favoriser la photosynthèse et de permettre le passage dans les rangs. Quand la vigne porte 15 ou 16 feuilles par "sarment", la voilà prête à fleurir (mi juin). C'est le moment le plus crucial qui détermine la suite du millésime.
Un parfum plus enivrant encore que celui des fleurs d'acacias ou de sureau émane de la vigne. La température ne doit pas descendre sous 15°C ; Muscat et Gewurztraminer sont les cépages les plus sensibles, car la chute des températures empêcherait leur floraison.
Les dates idéales pour la floraison? Du 11 au 24, fête de la St Jean-Baptiste. Cent jours après, les raisins devraient être mûrs !
Saison du printemps
Saison d'été

L'été

Pas de vacances pour le vigneron... Travail du sol, fauchage des mauvaises herbes, rognage, effeuillage se succèdent inlassablement au gré de la météo.
Un bon été pour la vigne doit être chaud et sec ; "une heure de pluie pour dix heures de soleil ! " et surtout pas de grêle.
A peine l'ensemble de ses vignes est-il effeuillé une première fois, qu'il faut reprendre ce travail à zéro car la végétation continue de croître. En août, elle dépasse le fil supérieur. Si l'on veut éviter qu'elle ne forme un véritable toit obstructeur au soleil, l'unique solution consiste à parcourir les parcelles, rangée après rangée, pied par pied,  on étête les rameaux à 30 cm environ du fil le plus haut, avec un sécateur ou une grande cisaille.
La main de l'homme reste irremplaçable et sa capacité de réflexion aussi ; chaque pied de vigne est unique et demande une attention particulière.
Bien entendu, les rogneuses fixées à un tracteur ne sauraient être utilisées sur les coteaux !

L'automne

Peu à peu les feuilles vont changer de couleur. Vient le moment le plus attendu et connu, le temps des vendanges. Les conditions météorologiques de septembre et octobre jouent un rôle prépondérant ; combien de millésimes incertains ont été sauvés ou perdus en partie par une belle ou mauvaise arrière-saison !
Au domaine Ernest Burn, les vendanges commencent lorsque le Clos Saint-Imer se couvre de sa parure d'or (Gold-ert) mi-octobre.
L'heure est venue de parcourir les vignes, de goûter les raisins afin de déterminer la chronologie de la récolte. Quand les pépins sont bruns, les raisins sont mûrs. La récolte peut débuter. Comme autrefois, avec cuves, hottes, seaux et sécateurs, une vingtaine de vendangeurs s’élèvent vers le coteau, prêts à se courber au gré des ceps et de l’inclinaison du sol, pour sélectionner le meilleur des grappes sous le soleil du matin qui y luit déjà, dominant les brumes de la plaine et le bruit lointain de machines à vendanger…
Une autre étape commence, celle de la vinification.  Après un pressurage vertical lent des raisins, la vinification est traditionnelle, avec des élevages longs sur lies fines, réalisés en cuves inox thermorégulées,  puis en fûts anciens de chêne. Ainsi, chaque cuvée s’élabore à son rythme, gardant sa part d’alchimie et de mystère dans la composition de l’harmonie qui lui est propre.

Saison d'automne